Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères

Dieu ne nous a pas donné un coeur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger. Ne nous déchirons pas au sein de la paix.

Je ne suis ni plus ni moins qu’un artiste. Je m’intéresse peu à moi-même, si peu disposé à me donner de l’impotance. J’adore la musique qui peint et qui pense, c’est le plus émouvant des arts. J’ai toutes les passions assez douces et assez réglées. Je chante l’air que j’ai inventé pour transformer en douce musique le charivari qu’il me faut affronter. Je peux dire que mon existence est riche, car je vis parmi les formes et les couleurs les plus joyeuses, les plus en accord avec mes aspirations., Amoureux de l’amitié, la seule consolation que je souhaite c’est d’aimer tous les gens, sans aucune basse familiarité.

A mon âge, plus d’un quart de siècle, je ne me soucie pas de la fuite du temps; n’effectue pas le pointage des années, et accepte chaque étape de vie comme elle vient, sans regarder en arrière avec regret, ou en avant avec appréhension. Pour échapper à toutes les modalités superflues et vaines de la vie sociale, depuis longtemps, j’ai laissé derrière moi mes années actives pour mener une vie retirée, coupée du monde extérieur, méconnu, admiré de quelques uns, mais ignoré des autres. L’amour du calme, je demeure sobre et raisonnée. La sollitude me rend plus sereine, plus indépendant dans mes jugements, moins accessibles aux influences extérieures.

La politique, est quelquefois une occupation oiseuse de grands diseurs de riens – on ne doit nier à cela - ,je m’en tiens à l’écart. Je suis comme une paire de chaussette, ni droite ni gauche. Je traverse la vie comme je traverse les rues, en regardant à droite et à gauche pour n’être pas écrasé. J’absorbe dans mon milieu comme une éponge, qui se dilate ou se rétracte suivant le liquide qu’elle absorbe.

Comme la plupart des gens, je médite sur les événements de la journée et les soucis du lendemain. Je ne puis sans souffrir offenser un homme, fût-il mon ennemi.

Je n’écris point dans un esprit de critique pour censurer ce qui est établi ni pour présenter mes préjugés ou attaquer les grands hommes.. J’écris à chaud, mu par une nécessité intime sur la peau sensible des hommes pour exténuer mes peines et voir renaître mon espoir. Je ne fais que lancer un vibrant appel aux vertus d’un hurmanisme conscient de ses devoirs. Je fie à une entière confiance dans la raison humaine chargée de résoudre tous les problèmes, et par une foi optimiste dans le progrès pour guérir les âmes corrompues et blasées, et non pas à des esprits vulgaires qui se suivent comme des moutons, et se reposent sur la bonne foi d’autrui. Ai-je dis quelque chose qui déplait à quelqu’un, ce serait bien contre mon gré et contre mon su.

Si ces jours, comme moi, on parcours les journaux, on a dû apprendre qu’un peu partout dans le monde des forces mauvaises se déchaînent. Dans de nombreux pays, sur presque tous le continents, ce ne sont que des crises, tyrannies, convulsions, famines, guerres, horreurs de toutes sortes, du racisme à l’intolérance religieuse…

Parfois, jusqu’à dans mon sommeil, je ne cesse de me poser les questions:

- Pourquoi notre triste humanité ne se réconcille pas avec elle-même, vivre en paix, mettre au service du bien commun les ínépuisables énergies qu’elle consacre à multiplier les destructions, répandre la misère et le malheur, faire sauvagement couler le sang?

- Existe-t-il donc un pays qui soit propre par excellence à assurer le bonheur de son peuple?

Certes, il n’y a de société dont l’ensemble des rouages tournent toujours à la perfection. Elle est comme tout que nous voyons, mêlée de mal et de bien, de plaisir et de peine.

Ma réponse à moi:

- Pour que la liberté du peuple ne se viole jamais impunément par la séparation des pouvoirs, l’État doit faire appel au suffrage de tous. L’individu endosse de ce fait une responsabilté, ne serait-ce que par le choix de ses représentants. Tout le monde, d’ailleurs, convient que la capacité de la souveraineté nationale repose sur l’union des volontés du peuple pour une action commune. Devant l’équilibre des trois pouvoirs: exécutif, législatif et judiciaire – garantie nécessaire de la liberté - chaque homme a en commun avec la société un droit incontestable à prendre part des avantages qu’elle procure; peut avoir la libre communication des pensées et des opinions; faire ce qui ne nuit pas à autrui: parler, écrire, imprimer. Dans les cas déterminés par la loi, la société a le droit de demander compte à tout agent de son administration et reprocher sa duplicité. Si l’agent veut voir clair dans ce qu’il pense et fait, il devra avoir la conscience et l’intellgence logique pour écouter celui d’en face, non pas passivement, mais se montrant réceptif. Pour conduire les masses, le contact direct avec la foule est nécessaire.

Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La puissance qui s’acquiert par la violence n’est qu’une usurpation. L’expérience n’a que trop montré qu’il est utopique de prétendre fonder un ordre durable sur la force. La paix véritable n’est pas seulement l’absence de la guerre. Elle demeurera précaire si le peuple ne s’unit pas. Ceux qui veulent vraiment la paix ce ne sont pas ceux qui se contentent de bêler la paix et de se croiser les bras, mais ceux qui consciemment, tiennent le pays en état de bien se défendre s’il est attaqué.

On a vu dans certains États despotiques, tout est fanfaron jusqu’à sa politique: régime brutal, absolu, autoritaire, incompatible avec l’amour de l’homme, L’individu n’est guère consulté. Sans loi et sans règles, qui fait du pays un peuple acéphale de muets et de sourds. Le plus souvent la totalité du pouvoir est entre les mains des dirigeants incompétents, indignes, corrompus, dont l’opinion fait autorité, qui glisse parfois jusqu’à l’exagération et à la vantardise.

Rien n’est plus équitable que de punir tous les descendants d’une faute de leur père. Beaucoup néglige cette vérité, et des illusions dangereuses s’installent aisni dans l’esprit des dirigeants du peuple. Sous prétexte d’hygiène politique, on exclue de la société les membres des classes bourgeoises et intellectuelles; dispose du droit absolu et illimité de perquisition et d’arrestation, appréhendent les gens arbitrairement souvent sans inculpation, et les maintiennent sous les verrous, sans les déférer à aucun tribunal, et non pas de compte à rendre à personne. Cette immoralité pernicieuse entorse aux droits du citoyen, et frappe de paralysie l’économie nationale. Le trésor publique devient le patrimoine des particuliers. Tout le monde corrompt et on est d’ailleurs impuissant à réparer le mal ou à guérir les âmes corrompues. Le peuple avec amertume, continue à assister à la danse macabre d’une même classe politique, un tour à droite, un tour à gauche, mais toujours avec les mêmes classes politiques qui répètent à l’infini leurs figures devenues contorsions. épuisés de leur faiblesse. Alors ils dansent et dansent, et le peuple paye de plus en plus cher pour un spectacle affligeant et sans espoir. Ce n’est pas la faute de leurs artères, mais c’est l’âge de leurs idées, et surtout de leur coeur. Le peuple est comme le poisson qui ne se soucie qu’il sera frit dans le beurre ou dans la margarine, retient son souffle, ses plaintes pour retenir sa vie avec résignation tranquille.

Les hommes viennent au monde inégalement doués, et par conséquent inaptent de s’instruire. C’est donc un devoir impératif pour la société de venir en aide à l’individu; de mettre en oeuvre tous les moyens pour détecter sa personnalité et lui assurer une place aux côtés de ses smbables, sans restreindre ni détruire son individualité. Un talent non découvert, une compétence gaspillée, une aptitude humaine mal employée sont autant de menaces pesant sur les chances de vivre de l’homme.